Qui est le Messager Muhammad?
Lorsque nous parlons de Muhammad , le Messager de l'Islam, nous parlons de la plus importante personnalité de tous les temps. Il ne s’agit pas d’une affirmation gratuite. En effet, celui qui lit sa biographie, connaît sa moralité et ses vertus et se défait des fanatismes religieux et de ses penchants personnels, témoignera de la véracité de notre jugement. Nous prendrons à témoins les impartiaux parmi les non musulmans.
- Sa généalogie
- Sa naissance et sa croissance
- Portrait du Prophète (s)
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Sa généalogie
Il est Abû Qassim Muhammad, fils de Abdullah, fils de Abdul Muttalib ; sa généalogie remonte jusqu'à Adnan qui fait partie des fils d’Ismail , le Prophète d’Allah, fils d’Ibrahim , l’ami intime d’Allah. Sa mère est Amina, fille de Wahb et sa lignée remonte jusqu'à Adnan qui fait partie des fils d’Ismail , le Prophète d’Allah, fils d’Ibrahim , l’ami intime d’Allah. Le Prophète a dit:.
Le Prophète (s) a dit: ‘En vérité, Allah a choisi Kinâna parmi les Fils d’Ismail et a choisi Quraich parmi la descendance de Kinâna et dans la lignée de Quraich, Il a choisi les Fils de Hâchim et m’a élu parmi les Fils de Hâchim’ (Rapporté par Mouslim vol. 4 page 1782, hadith n° 2276)
Ainsi, il est le meilleur homme du point de vue généalogique, de l’avis même de ses ennemis. Abû Soufyâ en témoigne auprès d’Héraclius 1er, alors qu’il dirigeait l’inimitié contre Le Prophète (s) avant d’embrasser l'Islam : d’après Abdullah ibn Abbas , le Messager d’Allah écrivit à César pour l’inviter à l'Islam. Il envoya Dihya Al Kalby porter sa lettre, avec mission de la remettre au gouverneur de Bosrâ qui la ferait parvenir à César. Ce dernier, après qu’Allah l’eut rendu vainqueur de l’armée perse, s’était rendu d’Émesse à Îliyâ pour remercier Allah de la faveur qu’Il lui avait faite. Lorsqu’il reçut la lettre de l’Envoyé d’Allah, il demanda après l’avoir lue : « Cherchez-moi ici quelque compatriote de cet homme que je puisse interroger au sujet de l’Envoyé d’Allah ».
Ibn Abbas continue : « Abû Soufyân ibn Harb m’a informé qu’il se trouvait en Syrie à la tête d’une caravane de marchands qorayshites ; c’était au cours de la trêve conclue entre l’Envoyé d’Allah et les infidèles de Qoraïch:
«L’émissaire de César, dit Abû Soufyân, nous ayant rencontré dans une localité de Syrie, nous emmena, moi et mes compagnons, jusqu’à Îliyâ. On nous introduisit auprès de l’empereur, et nous le vîmes assis dans la salle de conseil, le front ceint d’un diadème, et entouré des grands d’entre les Grecs. Il dit à son interprète : « Demande-leur lequel d’entre eux est le plus proche parent de cet homme qui prétend être Prophète. –C’est moi, répondis-je. –Et quel est ton degré de parenté avec lui ? Interrogea César. –C’est mon cousin [mot-à-mot : Le fils de mon oncle paternel], repartis-je. » Et de fait il n’y avait alors dans la caravane aucun autre que moi appartenant aux Banoû Abdu Manâf» «Qu’on le fasse approcher !» dit l’empereur; et il donna aussi l’ordre qu’on plaçât mes compagnons derrière moi, contre mes épaules. Après quoi, s’adressant à son interprète. « Dis-leur, reprit-il, que je vais interroger cet homme sur le prétendu Prophète ; si cet homme ment, ses compagnons devront relever le mensonge. » « Or, par Allah ! si je n’avais eu honte alors de voir relever mes mensonges par mes compagnons, j’eusse menti lorsque l’empereur m’interrogea sur Muhammad. Mais, retenu par cette honte, je dis la vérité ». César dit à son interprète : « Demande-lui quel rang la famille de ce Prophète occupe parmi eux. –Il est de bonne naissance, répondis-je. –Quelqu’un parmi vous a-t-il jamais tenu avant lui de semblables propos ? –Non. –Le soupçonniez-vous de mensonge avant qu’il tînt ce discours ? –Non. –Quelqu'un de ses ancêtres a-t-il régné ? –Non. –Ses partisans se recrutent-ils dans les hautes classes ou parmi les humbles ? –Parmi les humbles. –Leur nombre augmente-t-il ou va-t-il décroissant ? –Il augmente. –Y en a-t-il parmi eux qui, après avoir adopté sa religion, la prennent ensuite en aversion et apostasient ? –Non. –Trahit-il ses engagements ? –Non ; mais nous avons conclu une trêve avec lui en ce moment, et nous craignons qu’à ce propos, il ne la trahisse ». Cette réponse fut la seule où je pus glisser une insinuation défavorable au Prophète, sans craindre de la voir relever »
Poursuivant ses questions, l’empereur dit : « Avez-vous été en guerre avec lui ? –Oui, répondis-je. –Quelle a été l’issue des combats livrés ? –La guerre entre nous a eu des alternatives : tantôt c’est lui qui l’a emporté sur nous, tantôt c’est nous qui l’avons emporté sur lui. –Et que vous ordonne-t-il donc ? –Il nous ordonne de n’adorer qu’Allah seul, de ne Lui associer aucun être, de renoncer au culte de nos pères, de faire la prière, l’aumône, d’être chastes, de tenir les engagements et de rendre les dépôts confiés. –Après que j’eus ainsi parlé, l’empereur dit à son interprète : « Dis-lui : Je t’ai interrogé sur sa famille et tu m’as prétendu qu’il était de bonne naissance. Or Allah a toujours choisi Ses Messagers parmi les nobles du peuple auquel ils appartenaient. Je t’ai demandé si parmi vous quelqu'un, avant lui, avait tenu un discours semblable, et tu as prétendu que non. Alors en moi-même j’ai pensé que si quelqu'un avant lui avait tenu les mêmes propos, je pourrais croire que cet homme ne fait qu’imiter ses prédécesseurs. Je t’ai demandé si avant qu’il tînt ce discours, vous le soupçonniez d’être un menteur, et tu as prétendu que non. J’ai compris par là que, s’il n’était pas homme à mentir à l’égard de ses semblables, il ne pouvait, à plus forte raison, mentir à l’égard d’Allah. Je t’ai demandé si quelqu’un de ses ancêtres avait régné, et tu as prétendu que non. J’ai pensé alors que si quelqu'un de ses ancêtres avait régné, je me dirais : Cet homme cherche à remonter sur le trône de ses pères. Je t’ai demandé si ses adeptes se recrutaient parmi les humbles ou parmi les grands, et tu as prétendu que c’était parmi les humbles. Or c’est toujours eux qui forment les partisans des Prophètes. Je t’ai demandé s’ils augmentaient en nombre ou s’ils diminuaient, et tu as prétendu qu’ils allaient en augmentant. Or c’est bien là le propre de la foi de croître jusqu'à sa complète évolution. Je t’ai demandé si quelques-uns d’entre eux, après avoir embrassé sa religion, s’en détournaient avec horreur et la reniaient, et tu as prétendu que non. Or, c’est bien ainsi qu’il en est de la foi : les cœurs que sa grâce a pénétrés ne la prennent pas en aversion. Je t’ai demandé s’il manquait à ses engagements, et tu as prétendu que non : il en est ainsi des Prophètes, ils ne trahissent point. Je t’ai demandé si vous avez été en guerre avec lui, et tu as prétendu que oui, que la guerre entre vous avaient eu des alternatives, tantôt à son avantage, tantôt au vôtre. Il en est ainsi des Prophètes : ils subissent des épreuves, mais le succès final leur appartient. Je t’ai demandé ce qu’il ordonnait, et tu as prétendu qu’il vous interdisait d’adorer ce qu’adoraient vos ancêtres, qu’il vous prescrivait la prière, l’aumône, la pureté des mœurs, la fidélité à tenir les engagements et à rendre les dépôts confiés.
Tout cela, poursuivit César, répond bien au portrait d’un vrai Prophète. Je savais bien que cet homme allait paraître, mais je ne supposais pas qu’il serait l’un d’entre vous. Si tu as dit vrai, il ne s’en faut guère que cet homme conquiert cet endroit même que foulent mes pieds. Quant à moi, s’il m’était possible de l’approcher, je m’efforcerais de le rencontrer, et si j’étais auprès de lui, je laverais la poussière de ses pieds ».
Ensuite l’empereur fit apporter la lettre de l’Envoyé d’Allah . On la lut et elle fut ainsi conçue : «Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux. De la part de Muhammad, adorateur d’Allah et Son Messager à Héraclius, le chef des Grecs. Paix sur quiconque suit la bonne voie. Ensuite : je t’invite à la foi musulmane. Convertis-toi à l'Islam, tu seras sauvé, convertis-toi à l'Islam, Allah te donnera une double part de récompense. Si tu te détournes de l'Islam, tu seras en outre responsable des péchés de tes sujets ; Dis : “ô gens du Livre, venez à une parole commune entre nous et vous : que nous n’adorions qu’Allah, sans rien Lui associer, et que nous ne prenions point les uns les autres pour seigneurs en dehors d’Allah”. Puis, s’ils tournent le dos, dites : “Soyez témoins que nous, nous sommes soumis”. ( Al Imran, 64.)
Abû Soufyân poursuit son récit en ces termes:
« Lorsque Héraclius eut fini de parler, des cris violents furent poussés par les grands personnages grecs qui l’entouraient, et un grand tumulte s’éleva ; je ne sais pas ce qu’ils disaient. L’empereur donna alors l’ordre qu’on nous fît sortir. Lorsque nous fûmes dehors, me trouvant seul avec mes compagnons, je leur dis : « Il faut que les affaires du fils d’Abû Kabcha aient pris de l’importance, puisque le prince des Banoûl Asfar le redoute ». Et depuis lors, jusqu’au jour où malgré mes répugnances Allah amena mon cœur à l'Islam, je demeurai humblement convaincu du succès de Muhammad ». ( Rapporté par Al Boukhari vol 3, page 1074 ; hadith n° 2782.) -
Sa naissance et sa croissance
Il est né en l’an 571 apr. J. –C. dans la tribu des Qoraïch –que les Arabes révéraient et à laquelle ils vouaient toute la considération et tout le respect- à la Mecque qui est considérée comme le centre religieux de la Péninsule Arabique. C’est en effet là que se trouve la Kaaba noble que bâtirent Ibrahim et son fils Ismail . Les Arabes y accomplissaient le pèlerinage et faisaient la circumambulation autour d’elle. Son père est mort alors qu’il se trouvait encore dans le ventre de sa mère. Sa mère mourut quelques temps après sa naissance, et il vécut orphelin sous la charge de son grand-père Abdul Muttalib. A la mort de ce dernier, son oncle Abû Tâlib le prit à sa charge. Sa tribu et les tribus voisines adoraient des idoles qu’elles avaient fabriquées à partir d’arbres, d’autres étaient en pierres et d’autres encore en or. Elles étaient placées autour de la Kaaba et ils croyaient qu’elles avaient le pouvoir d’apporter le bien et de nuire. La vie du Prophète était entièrement vérité et loyauté. Il n’a jamais trahi, ni menti, ni manqué à son engagement, ni trompé. Il était connu par son peuple comme étant le digne de confiance (Al Amine). Aussi, lui confiaient-ils leurs dépôts et consignaient leurs biens auprès de lui lorsqu’ils voulaient voyager. Il était également connu comme le véridique, en raison de la sincérité qu’ils lui connaissaient dans ce qu’il disait et racontait. Il avait un bon comportement, s’exprimait d’une bonne manière et était éloquent.
Il aimait faire le bien aux gens. Son peuple l’aimait et le respectait. Tous le révéraient. Il avait une bonne allure et l’œil ne se fatiguait pas de l’observer. Il était beau physiquement et moralement dans tous les sens de ce mot. Son Seigneur dit à son sujet:Et tu es certes, d’une moralité éminente (Al Qalam, 4)
Th. Carlyle dit dans son livre les Héros:
« On a remarqué que depuis son enfance, Muhammad était un jeune pensif. Ses compagnons l’avaient par ailleurs nommé Al Amine –c'est-à-dire un homme sincère et loyal- sincère dans ses actes, ses dires et ses pensées. Ils ont par ailleurs remarqué que toute parole qui sortait de sa bouche était pleine de sagesses merveilleuses. Je sais qu’il était très pondéré et gardait le silence là où il n’était pas nécessaire de parler et lorsqu’il s’exprimait, alors quelle perspicacité ! Tout au long de sa vie, il fut un homme de principe, courageux et résolu, aspirant aux grands desseins, généreux, plein de bonté, clément, pieux, digne, libre ; un homme très sérieux et sincère. Malgré cela, il était affable et aimable ; il manifestait beaucoup de bonne humeur et de sérénité. Il était sympathique et très plaisant. Mieux encore, il lui arrivait de plaisanter et jouer. De manière générale, son visage était éclairé par un sourire resplendissant d’un cœur sincère… et il était intelligent et doué de sagacité…, doté naturellement d’une grandeur : aucune école ne l’a instruit et aucun enseignant ne l’a éduqué, il n’avait nullement besoin de tout cela… il accomplit son œuvre dans la vie tout seul dans les profondeurs du désert.Avant que la mission lui soit confiée, il était enclin à la solitude et passait des nuits entières dans la grotte de Hirâ à méditer. Il était bien loin des impudences auxquelles se livrait son peuple, car il n’avait jamais but de vin, ne s’était jamais prosterné devant une idole. Il n’avait jamais juré par une idole et n’avait jamais fait d’offrande à une idole comme le faisait son peuple. Il gardait les moutons de son peuple. Il dit d’ailleurs à ce propos : « Il n’y eut point de Prophète parmi ceux qu’Allah a envoyés qui n’eût fait profession de berger ! Et toi, lui demandèrent ses compagnons ? Et moi aussi, dit Le Prophète (s), j’ai gardé les moutons des Mecquois moyennant un salaire de quelques quirats ». (Al-Boukhari (2/789) Hadith N° 2143.)
A l’âge de quarante ans, il reçut la révélation du ciel alors qu’il se trouvait en méditation à la Mecque dans la grotte de Hirâ. ‘Aïcha, la mère de Croyants –qu’Allah soit satisfait d’elle- rapporte : « La Révélation débuta chez Le Prophète (s) par de pieuses visions qu’il avait pendant son sommeil. Pas une seule de ces visions ne lui apparut sinon avec une clarté semblable à celle de l’aurore. Ensuite, on lui fit aimer la retraite. Il se retira alors dans la grotte de Hirâ, où il se livra au tahannouts, -c'est-à-dire l’adoration- durant un certain nombre de nuits consécutives, sans qu’il revînt chez lui. Aussi se munissait-il de provisions de bouche. Ensuite il revenait vers Khadîdja et prenait les provisions nécessaires pour une nouvelle retraite. Cela dura jusqu'à ce que la Vérité lui fut enfin apportée dans cette grotte de Hirâ.
L’ange vint alors le trouver et lui dit : « Lis ! –Je ne suis point de ceux qui lisent » répondit-il. L’ange me saisit aussitôt, raconta Le Prophète (s) ; il me pressa au point de me faire perdre toute force et me répéta ce mot : « Lis ! –Je ne suis point de ceux qui lisent » répliquai-je encore. Pour la troisième fois, l’ange me saisit et me pressa, puis me lâcha en disant : Lis, au nom de ton Seigneur qui a créé, qui a créé l’homme d’une adhérence. Lis ! Ton Seigneur est le Très Généreux. (sourate Al ‘Alaq, versets 1, 2 et 3.)
En possession de ces versets, le cœur tout palpitant, le Messager d’Allah rentra chez Khadîdja bintou Khouwaïlid –qu’Allah soit satisfait d’elle- et s’écria : « Enveloppez-moi ! Enveloppez-moi ! » Aussi, on l’enveloppa jusqu'au moment où son effroi fut dissipé. Alors, s’adressant à Khadîdja, il la mit au courant de ce qui s’était passé, puis il ajouta : « Ah ! J’ai cru que j’en mourrais ! –Pas du tout ! répondit Khadîdja. Je jure par Allah ! Jamais Allah ne t’infligera d’affronts ; car tu fais du bien à tes proches parents, tu soutiens les faibles, tu donnes à ceux qui n’ont rien, tu héberges les hôtes et tu secours les victimes des malheurs justes». (An-Nawawy –qu'Allah lui accorde la miséricorde- a dit : Elle a dit les malheurs justes parce que le malheur peut survenir dans le bien ou dans le mal. )
Alors, Khadîdja emmena Muhammad chez Waraqa ibn Nawfal ibn Asad ibn Abdel Ouzza. Cet homme était le cousin paternel de Khadîdja et avait embrassé le christianisme aux temps antéislamiques. Il savait tracer les caractères hébraïques et copiait en hébreu autant de passages de l’Evangile qu’Allah lui permettait de transcrire. A cette époque il était âgé et était devenu aveugle : « Ô mon cousin, lui dit Khadîdja, écoute ce que va te dire le fils de ton frère. –Ô fils de mon frère, répondit Waraqa, de quoi s’agit-il ? »
Le Messager d’Allah lui raconta alors ce qu’il avait vu. Waraqa dit : c’est leConfidentqu’Allah a envoyé autrefois à Moïse. Plût à Allah que je fusse jeune en ce moment ! Ah ! Que je voudrais être encore vivant à l’époque où ton peuple te bannira ! –Ils me chasseront donc, s’écria Le Prophète (s) ? –Oui, reprit Waraqa. Jamais un homme n’a apporté ce que tu apportes sans être persécuté ! Si je vis encore ce jour-là, je t’aiderai de toutes mes forces ». Après cela Waraqa ne tarda pas à mourir, et la Révélation fut interrompue ».(Al-Boukhari (1/4) Hadith N° 3.)Cette sourate fut le début de sa prophétie. Puis Allah lui révéla Sa parole suivante:Ô, toi (Muhammad) ! Le revêtu d’un manteau ! Lève-toi et avertis. Et de ton Seigneur, célèbre la grandeur. Et tes vêtements, purifie-les. Et de tout péché, écarte-toi.(Sourate 74, versets 1 – 4.)
Cette sourate fut le début de sa mission et de son appel. Il commença à inviter ouvertement son peuple de la Mecque et fit face à leur opposition et leur refus, tout simplement parce que son message leur était étrange et englobait toutes les affaires de leur vie religieuse, politique et socio-économique. Il ne se limitait pas seulement à leur invitation à l’unicité d’Allah, à l’abandon de l’adoration d’autres que lui et à traiter d’insensés leurs esprits et leurs idoles, mais il leur interdisait également ce qui était la source de leurs jouissances, leur richesse, et leur fierté (l’interdiction de l’usure, de la fornication, des jeux de hasard et du vin). Il invitait également à l’équité entre tous les hommes en prônant la piété comme critère de supériorité entre eux. Comment les Qorayshites pouvaient-ils accepter d’être traités au même pied d’égalité que les esclaves alors qu’ils étaient les maîtres des Arabes ! Ils ne se limitèrent pas à refuser son appel, mais ils lui portèrent aussi préjudice par l’insulte, l’injure et l’accusèrent de tous les maux comme le mensonge, la folie et la magie ; or il jouissait plutôt d’une bonne réputation avant le début de sa mission. Ils poussèrent leurs idoles à lui porter physiquement préjudice.
Abdullah Ibn Mas’oud dit : « Pendant que le Messager d’Allah debout faisait la prière dans la Kaaba et que le groupe des Qurayshites tenait une de ses réunions, l’un des Qurayshites se mit à dire : « Hé ! Voyez donc l’ostentation de cet homme. Quel est celui d’entre vous qui voudra aller à l’abattoir des Banou untel, y prendre des tripailles, du sang, des membranes de fœtus, les apporter ici et ensuite attendre que cet homme se prosterne pour lui mettre le tout sur les épaules ? » Le plus misérable d’entre eux se décida à le faire et, au moment où le Messager d’Allah se prosterna, il lui déposa ces débris sur les épaules. Comme Le Prophète (s) était prosterné, les Qurayshites se mirent à rire au point qu’ils se cognaient les uns contre les autres. Quelqu'un alla aussitôt prévenir Fatima, qui n’était alors qu’une toute jeune fille. Elle arriva en courant. Le Prophète ne se releva de sa prosternation qu’au moment où elle le débarrassa de ces immondices. Puis, elle se tourna vers les Qurayshites et les invectiva ».(Al Boukhari.)
Mounib Al-Azdy dit : J’ai entendu le Messager pendant la Jahiliyyah dire : « Ô les gens ! Dites : il n’y a de divinité qu’Allah et vous serez bienheureux ». Les uns ont craché sur son visage, d’autres lui ont versé la poussière et d’autres encore l’ont insulté jusqu’au milieu de la journée, alors une jeune fille lui présenta une grande coupe d’eau. Il se lava le visage et les mains et dit : « Ma fille ne crains pour ton père, ni indigence ni avilissement ».(Al-Mou’djamou Al-Kabir (20/342) Hadith N° 805.)
Interrogé par Ourwa ibn Az-Zubeir sur la violence la plus grave dont les polythéistes usèrent à l’égard du Prophète (Abdullah ibn Amr ibn Al Ace) répondit : « Pendant que Le Prophète (s) était dans l’enceinte de la Kaaba, Ouqba ibn Mo’ît s’avança vers lui, lui enroula son vêtement autour du cou et le serra avec une grande violence. Abû Bakr , survenant alors, pris Ouqba par le bras et l’éloigna en disant : « Allez-vous tuer un homme parce qu’il dit : Mon seigneur est Allah » ? Alors qu’il est venu à vous avec les preuves évidentes de la part de votre Seigneur.(Al-Boukhari (3/1400), Hadith N° 3643.)
Tous ces événements n’ont pas empêché le Messager d’Allah de poursuivre sa mission. Il présentait son message aux tribus qui venaient au pèlerinage à la Mecque. Un petit nombre d’habitants de Yathrib–aujourd’hui appelé Médine, la Lumineuse- prirent l’engagement de le soutenir et de le protéger s’il venait chez eux. Il envoya avec eux Mous’ab ibn Oumaïr, un de ses compagnons pour leur apprendre les enseignements de l’Islam. Après la persécution et la souffrance qu’il a subies, lui et ses faibles compagnons de la part de son peuple, l’autorisation leur fut donnée d’émigrer à Médine, la Lumineuse où il fut accueilli chaleureusement. Ce fut le point de déclic de son appel et cette ville devint la capitale de l’Etat Islamique. Le Prophète (s) s’y établit et leur enseigna le Qur'an et les préceptes de la religion.
Ils furent influencés par le caractère noble du Messager et ses attributs sublimes. Ils l’aimaient plus qu’ils ne s’aimaient eux-mêmes. Ils s’empressaient de le servir et sacrifiaient ce qu’ils avaient de plus cher pour sa cause. Ils vécurent dans une société pieuse et spirituelle où le bonheur régnait et où se manifestaient l’amour, la concorde et la fraternité. Le riche et le pauvre, le noble et le roturier, le blanc et le noir, l’arabe et le non arabe devinrent égaux dans cette grande religion où il n’y a de supériorité et de différence entre les gens que par la piété. Une année après son installation à Médine, les affrontements commencèrent entre lui et son peuple qui n’appréciait guère la portée sans cesse croissante de son message.
C’est alors que la première bataille de l’Islam eut lieu, à savoir la bataille de Badr entre deux groupes inégaux tant sur le plan du nombre que sur le plan de l’armement : les Musulmans comptaient 314 combattants tandis que les mécréants en avaient 1000. Allah soutint Son Messager et ses compagnons qui sortirent vainqueurs de la bataille. Puis, se succédèrent les batailles entre les musulmans et les mécréants. Huit ans après, Le Prophète (s) put apprêter une armée de 10 000 combattants qui se dirigea vers la Mecque et la conquit. Ainsi, il mit en déroute sa tribu et son peuple qui lui avaient causé toutes formes de tort et persécuté ses adeptes au point qu’ils durent abandonner leurs biens, leurs enfants et leur pays. Il obtint une grande victoire sur son peuple et baptisa cette année, l’année de la victoire.
Allah dit à ce propos : Lorsque vient le secours d’Allah ainsi que la victoire, et que tu vois les gens entrer en foule dans la religion d’Allah, alors, par la louange, célèbre la gloire de ton Seigneur et implore Son pardon. Car c’est Lui le grand Accueillant au repentir.( An-Nasr, 1-3.)Par la suite, il rassembla les Mecquois et leur dit : « Que pensez-vous que je vais vous faire ? » Ils répondirent : « Du bien, car tu es un frère généreux, fils d’un frère généreux ». Alors Le Prophète (s) reprit : « Allez-y, vous êtes libres ! ».( Al-Baïhaqui (9/118), hadith 18055.)Alors, bon nombre d’entre eux embrassèrent l'Islam. Ensuite le Messager retourna à Médine. Quelque temps après, il reprit la direction de la Mecque pour le pèlerinage accompagné de 114 000 de ses compagnons. Cet unique pèlerinage qu’il a accompli également connu comme étant le pèlerinage d’adieu.Le Prophète (s) mourut à Médine le lundi 12 Rabiou-Thani de l’an 11 de l’Hégire et y fut enterré. Sa mort fut un grand choc pour les musulmans au point que certains n’y ont pas cru. Oumar ibn Al-Khatab par exemple avait alors dit : « Si j’entends quelqu’un dire que Muhammad est mort, je le décapiterai ». Abû Bakr quant à lui se leva et récita cette parole d’Allah : Muhammad n’est qu’un messager – des messagers avant lui sont passés -. S’il mourait, donc, ou s’il était tué, retourniez-vous sur vos talons ? Quiconque retourne sur ses talons ne nuira en rien à Allah ; et Allah récompensera bientôt les reconnaissants.
Lorsqu’Oumar suivit ce verset, il revint aussitôt à des meilleurs sentiments, car il ne transgressait jamais l’ordre d’Allah. Le Prophète (s) était alors âgé de 63 ans : il vécut 40 ans à la Mecque avant de recevoir la révélation, et passa 13 ans à inviter les mecquois au Tawhid. Ensuite il émigra à Médine où il passa 10 ans pendant lesquels la révélation ne cessa pas jusqu’à ce que le Qur'an lui fut entièrement révélé et que les lois de l’Islam furent parachevées.
Dr G. Lebon dit dans son livre La Civilisation des Arabes :
« Si on jugeait la grandeur des hommes par l’importance de leurs œuvres, Muhammad serait l’un des plus grands hommes de toute l’histoire. Les savants de l’occident commencent déjà à faire traiter Muhammad avec équité malgré l’extrémisme religieux qui a empêché beaucoup d’historiens de reconnaître son mérite ». -
Portrait du Prophète: (s)
Hind ibn Abi Hâlah At-Tamimy qui était habile descripteur des qualités du Prophète, le présente comme suit : Le Messager d’Allah avait un visage somptueusement beau et rond, qui brillait comme la pleine lune. Il n’était ni trop petit, ni trop grand mais un peu au-dessus de la taille moyenne, ayant une tête somptueuse et des cheveux légèrement ondulés qui lorsqu’ils sont démêlés se dispersent, sinon ils ne débordent pas les lobes de ses oreilles lorsqu’ils sont fournis. Sa peau était d’une blancheur éclatante. Il avait un large front ; des sourcils fins, longs, abondants et sans couplage entre eux, laissant couler la sueur en cas de colère ; un nez aquilin et bien fait surmonté d’une lumière qui fait croire à l’observateur qu’il s’agit d’une montagne haute ; une barbe épaisse ; des joues rebondies et luisantes ; une large bouche ; des dents belles et espacées ; des poils fins à la poitrine.Son cou était aussi beau que celui d’une poupée faite d’argent pur. Il avait un physique équilibré, ferme et cohérent ; le ventre et la poitrine en harmonie ; une large poitrine et de larges épaules, de grosses vertèbres, les poils formaient une ligne du haut de sa poitrine à son nombril.
Ses pectoraux et son ventre étaient glabres. Ses bras, ses épaules et le haut de la poitrine étaient velus. Il avait de longs avant-bras, de larges paumes de main, de longs doigts, des mains et des pieds épais avec des extrémités fluides, les talons rarement en contact avec le sol lorsqu’il se déplaçait, des pieds lisses qui laissaient couler de l’eau. Il marchait de manière aisée et humble avec de larges pas. En marchant, il restait dressé comme s’il était sur une pente et, en se retournant, il le faisait de tout son corps. Il avait le regard chaste, les yeux plus fixés au sol qu’au ciel, la plupart de ses regards étant l’observation. Il conduisait ses compagnons et était le premier à saluer lorsqu’il rencontrait quelqu'un. J’ai dit : décris-moi sa manière de parler. Il dit : Le Messager d’Allah était constamment préoccupé et méditatif, sans répit, il ne parlait pas sans besoin et était plutôt taciturne.
Il débutait et clôturait son propos par le coin de la bouche. Il était concis et sage, juste sans futilités ni lacune dans ses prises de parole. D’un abord facile, il n’était ni rude ni ignoble. Il avait de la considération pour tout bienfait, aussi petit soit-il. Il ne critiquait pas un goût ni ne faisait son éloge. Il ne se fâchait pas pour vie d’ici-bas et ni ne se mettait en colère pour elle. Il ne se fâchait ni ne se vengeait pour des raisons personnelles. Quand il pointait quelque chose, il le faisait avec toute sa main. Quand il était étonné, il la retournait et quand il parlait il la tenait en frappant la paume de sa main droite avec l’intérieur du pouce gauche. Quand il était en colère, il pardonnait et mettait en garde. Il baissait les yeux et ne riait presque jamais à gorge déployée quand il était content. Il se contentait tout simplement du sourire laissant apparaître des dents blanches. J’avais caché cela pendant un certain temps à Al-Hussain avant de décider de lui en parler.
Je m’étais rendu compte qu’il était aussi bien renseigné que moi à ce sujet. Il avait interrogé son père sur l’attitude du Messager d’Allah chez lui et la manière dont il occupait son temps ainsi que sur son apparence physique ; bref il voulait tout savoir sur le Messager.
Hassan dit : Lorsque j’ai interrogé mon père au sujet de la répartition du temps du Messager d’Allah il a répondu : Il lui était permis de consacrer un temps pour lui personnellement. Quand il retournait chez lui, il divisait son temps en trois parties : une partie pour Allah, une partie pour sa famille et une partie pour lui-même, puis il divisait la partie qui lui revenait entre lui-même, les gens et leurs élites et ne ménageait aucun effort pour eux. Il avait pour habitude de privilégier les gens qui avaient un grand mérite en religion dans le partage de la partie consacrée à sa communauté. Il y avait parmi eux des gens ayant un besoin, d’autres en avaient deux, voire plus encore. Il s’occupait alors de ce qui était dans leur intérêt et celui de la communauté et les informait de la conduite à tenir.
Il demandait aux présents d’en informer les absents et s’enquerrait également des problèmes de ces derniers. Il leur assurait qu’au Jour de la Résurrection, Allah raffermira les pas de celui qui transmet au sultan le besoin de celui qui ne peut pas l’atteindre. Il dit : je l’ai interrogé au sujet de sa langue et il m’a répondu : Le Messager d’Allah retenait sa langue sauf sur ce qui les concernait, les rapprochait et ne les divisait pas –ou n’inspirait pas d’aversion, aurait-il dit. Il honorait le noble de chaque peuple et lui reconnaissait son rang. Il appelait les gens à la prudence et leur demandait d’affûter leurs armes, sans toutefois priver quiconque de sa bonne humeur ni de son bon comportement. Il prenait des nouvelles de ses compagnons et demandait aux gens leurs préoccupations. Il appréciait et encourageait le bien, dépréciait et dénigrait le mal.
Pondéré, il n’était pas inattentif de peur qu’ils soient négligents et se détournent du droit chemin [...] Il ne déviait pas de la vérité et n’autorisait point cela aux gens autour de lui. Pour lui, les meilleurs et les plus préférés parmi eux étaient ceux dont les conseils étaient plus utiles. Les plus grands auprès de lui étaient ceux qui apportaient plus de réconfort et de soutien. Je l’ai interrogé au sujet de sa manière de s’asseoir et il a dit : Le Messager d’Allah ne s’asseyait et ne se levait qu’en évoquant Allah. Il ne s’asseyait pas à certains endroits et a interdit de s’y asseoir. Quand il se rendait chez des gens, il s’asseyait à la suite de l’assemblée et prescrivit cela. Il accordait la même attention à tous les gens assis en sa compagnie au point que chacun se croyait le plus honoré. Lorsqu’une personne s’asseyait avec lui ou lui soumettait un besoin digne d’attention, il se montrait concerné et évitait de la frustrer. Quiconque lui demandait quelque chose repartait satisfait ou tout au moins recevait une bonne parole. Il était si détendu et bon à point avec les gens qu’il était devenu pour eux un père.
Il les mettait tous au même pied d’égalité en matière de justice. Son assemblée était une assemblée d’indulgence, de pudeur, de patience et de probité où l’on n’élevait pas la voix, ne décrivait pas les femmes et ne divulguait pas les bévues. Tous y étaient égaux et n’avaient de mérite les uns sur les autres que par la piété. Ils étaient humbles, respectaient l’homme âgé et éprouvaient de la compassion pour le jeune enfant. Ils donnaient la préférence au nécessiteux et protégeaient l’étranger. J’ai dit : comment se comportait-il vis-à-vis des gens qui lui tenaient compagnie ? Il répondit : Le Messager d’Allah était constamment de bonne humeur. Il avait un caractère facile et était d’un abord facile. Il n’était ni brutal, ni rude, ni criard, ni dévergondé, ni médisant, ni laudatif. Il se détournait de ce qu’il n’aimait pas, mais évitait de le dénigrer. Il se refusait volontiers la dispute et l’abondance et se retenait face à ce qui ne le regarde pas. Il se refusait volontiers trois choses : Il ne blâmait personne, ni ne la raillait, ni ne cherchait ses défauts. Il ne parlait que de ce dont il espère la récompense. Quand il s’exprimait, son auditoire était tellement attentif et ils gardaient la tête baissée comme si des oiseaux y étaient posés. Quand il se taisait, ils prenaient la parole sans toutefois se disputer auprès de lui. Quand l’un d’eux parlait, ils l’écoutaient jusqu’à ce qu’il termine sa parole.
Ce qui les amusait l’amusait aussi, pareil pour ce qui les étonnait. Il supportait patiemment la question de l’étranger venu d’une contrée lointaine au point que ses compagnons les attiraient. Il disait : Lorsque vous voyez quelqu'un chercher quelque chose, orientez-le. Il n’acceptait que des éloges mérités. Il ne coupait la parole à personne jusqu'à ce qu’il transgresse, alors il l’arrêtait par une interdiction ou en se levant. J’ai dit : comment était le silence du Messager d’Allah ? Il répondit : le silence du Messager d’Allah était de quatre ordres : la magnanimité, la réserve, la déférence et la méditation. Quant à sa déférence, elle se manifestait dans l’égalité de regard et d’écoute des gens. Quant à sa pensée – ou sa méditation – elle portait sur ce qui était éternel et ce qui était appelé à disparaître. Sa magnanimité se trouvait dans sa patience. Rien ne le fâchait ni ne l’effrayait. Il était doté de la réserve dans quatre choses : il prenait la meilleure chose pour servir de modèle, il laissait la mauvaise pour l’interdire, l’effort de réflexion pour le bien de sa Communauté, l’engagement dans ce qui les rassemble dans la vie présente et l’au-delà.("Al-Moudjamou Al-Kabir (22/155)")