La moralité et les attributs du Prophète
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La raison:
La raison du Prophète avait atteint un niveau d’excellence à nul autre pareil. Selon le juge Iyâd : « La grandeur (de son esprit) et ce qui en résulte sont manifestes pour quiconque étudie sa façon d’être et son rythme de vie ; pour quiconque examine ses paroles substantielles, son bon comportement et les merveilles de sa biographie ainsi que les sagesses de sa parole, sa connaissance de la Thora, de l’Evangile et des Livres célestes, du jugement des sages, de l’histoire des peuples d’autrefois ; pour quiconque étudie son utilisation des paraboles, sa maîtrise des politiques des hommes, de leurs législations, des comportements internes et des bonnes mœurs... Sa parole est un modèle et ses indications sont un argument en matière d’adoration, de médecine, des mathématiques, de succession, de la généalogie, etc.… et tout cela sans apprentissage ni étude, ni lecture des livres antérieurs, ni fréquentation de leurs savants.
Il s’agit d’un Prophète illettré qui n’avait aucune connaissance dans ces domaines jusqu’à ce qu’Allah illumine son cœur, élucide sa voie, lui prodigue des enseignements et lui fait lire. Ses connaissances de tout ce qu’Allah lui a enseigné et montré au sujet des sciences du passé, du présent, et du futur, des merveilles de Sa puissance et de la grandeur de Sa royauté étaient proportionnelles à sa raison.(Connaissances des Droits du Prophètes.)
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L’endurance dans l’espoir de la récompense divine:
Le Prophète était le chef des endurants, il a subi toutes les exactions à cause de sa mission mais il a patiemment enduré dans l’espoir de la récompense d’Allah. Abdullah Ibn Mas’oud dit : « Il me semble encore voir le Messager d’Allah (s) racontant qu’un Prophète avait été frappé par son peuple. Comme le sang coulait, ce Prophète essuya le sang qui coulait sur son visage et dit :« Ô Allah, pardonne à mon peuple parce qu’il ne sait pas » (Al-Boukhari (3/1282), Hadith N° 3290.)
D’après Djoundoub ibn Soufiâne, à une bataille, l’Envoyé d’Allah ayant été frappé, son doigt saigna. Il dit alors:
« Es-tu donc autre chose qu’un doigt en sang Et ce qui t’a atteint c’est dans le sentier d’Allah».(Al-Boukhari (3/1031) Hadith N° 2648.) -
La sincérité:
Le Prophète était sincère dans toutes ses affaires comme Allah le lui a commandé. Allah le Très Haut dit : Dis : «En vérité, ma Salât, mes actes de dévotion, ma vie et ma mort appartiennent à Allah, Seigneur de l’Univers. A lui nul associé ! Et voilà ce qu’il m’a été ordonné, et je suis le premier à me soumettre.(Sourate 6, versets 162 –163.)
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Caractère et comportement modèles:
Interrogée sur son comportement, sa femme Aïcha dit : «Son comportement fut le Qur'an». Cela signifie que le Prophète observait l’ordre du Qur'an, s’abstenait de son interdiction, mettait en pratique ses prescriptions. Il se caractérisait par les vertus du Qur’an, abandonnait ce qu’il interdit comme turpitudes apparentes et cachées. Il n’y a rien d’étonnant à cela, car il dit lui-même : «Allah m’a envoyé pour parachever les bons caractères et les bonnes œuvres».(Al-Boukhari dans Al-Adab Al-Moufrad.)
Allah l’a décrit en ces termes : « Et tu es certes, d’une moralité éminente».(Sourate 68, verset 4.)
Anas ibn Malik qui a servi le Messager pendant dix ans, de nuit comme de jour, en sédentaire ou voyageur et l’a parfaitement connu au cours de ces années dit : «le Messager d’Allah (s) était le meilleur des hommes en caractères».(Mouslim (4/1805), Hadith N° 2310.)
Il dit aussi : «Le Prophète ne faisait habituellement usage ni de l’injure, ni de mots inconvenants, ni de malédictions. Et quand il voulait adresser un reproche à l’un de nous, il lui disait : « Qu’a-t-il donc ? Que son front soit plein de terre !».(Al-Boukhari (5/2243), Hadith N° 5684.)
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La politesse:
D’après Sahl ibn Saad, le Messager d’Allah (s) , à qui on avait apporté à boire, alors qu’il avait à sa droite un jeune homme et à sa gauche des hommes âgés, but et dit au jeune homme : « M’autorises-tu à passer d’abord le breuvage à ces gens-ci ? Non, par Allah ! Ô Envoyé d’Allah, s’écria le jeune homme, je ne céderai mon tour après toi à personne ». Alors l’Envoyé d’Allah lui remit vivement la coupe entre les mains ».(Al Boukhari.)
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L’amour de la conciliation:
Sahl ibn Saad rapporte que les gens de Qubâ se battirent et en venir à se jeter des pierres. Informé de cela, l’Envoyé d’Allah dit : « Allons mettre la paix parmi eux ! ».(Al Boukhari.)
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Le fait d’ordonner le bien et d’interdire le blâmable:
Abdullah ibn Abbas rapporte que le Messager d’Allah (s) ayant vu une bague en or sur la main d’un homme l’enleva, la jeta et dit : « L’un de vous recourt à un charbon de feu et le porte sur sa main ». On suggéra à l’homme après le départ du Messager d’Allah : Prends ta bague pour en tirer quelque profit. L’homme dit : « Non par Allah, je ne la prendrai jamais alors que le Messager d’Allah (s) l’a jetée ».(Mouslim)
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L’amour de la purification:
Muhâjir ibn Qunfidz rapporte qu’il vint trouver le Prophète pendant qu’il urinait et lui adressa le salut (salam). Il ne répondit pas jusqu'à ce qu’il fit les ablutions et s’excusa auprès de lui : « J’ai détesté évoquer le nom d’Allah sans être en état de pureté…».(Sahih Ibn Khouzeima.)
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Le contrôle de la langue:
Abdullah ibn Awfy rapporte : le Messager d’Allah (s) évoquait Allah abondamment, s’adonnait moins aux futilités, priait longuement, faisait des sermons courts et ne dédaignait pas de marcher avec la veuve ou le nécessiteux pour satisfaire leurs besoins ».(Sahih Ibn Hibban.)
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L’abondance de l’adoration:
Aïcha –qu’Allah soit satisfait d’elle- rapporte : le Messager d’Allah (s) restait si longtemps debout dans les prières de nuit que ses pieds se crevassaient. Elle lui dit : Pourquoi fais-tu cela Ô Messager d’Allah alors qu’Allah a pardonné tes péchés passés et à venir ? Ne puis-je donc pas être –avait-il répondu- un adorateur reconnaissant ? ».(Al Boukhari.)
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L’indulgence et la gentillesse:
D’après Abû Houreira , At-Toufail ibn Amr le Daoussite s’en vint trouver le Prophète lui et ses compagnons. Ils lui dirent : « Messager d’Allah, la tribu de Daous s’est montrée rebelle et a refusé d’entendre la vérité ; invoque contre elle la colère divine ! » On dit alors : « La tribu de Daous est perdue ». Mais l’Envoyé d’Allah dit : « Ô Allah ! Conduis les Daoussites dans la bonne voie et amène-les à l'Islam ».(Al Boukhari.)
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La dignité:
Al Barâ ibn Azib a dit : « Le Prophète était trapu ; il avait les épaules larges ; ses cheveux atteignaient le lobe de ses oreilles. Je l’ai vu portant une tunique rouge et jamais je n’ai rien vu d’aussi beau ».(Al Boukhari.)
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L’ascétisme dans la vie présente:
Abdullah ibn Mas’oud rapporte :« Le Prophète dormit sur une natte et se leva tandis que cette dernière avait laissé des traces sur son flanc, nous dîmes : « Envoyé d’Allah, ne pourrions nous pas t’offrir un matelas ? Il répondit : « Qu’est-ce que j’ai à faire avec la vie présente, je suis dans cette vie comme un cavalier qui s’est abrité sous un arbre puis s’en est allé et l’a laissé ».(At-Tirmidzi.)
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L’altruisme:
Sahl ibn Saad a dit : « Une femme apporta une borda. (Savez-vous, dit-il, ce que c’est qu’une borda ? – Oui, lui répondit-on, c’est une pièce d’étoffe avec une bordure tissée.) S’adressant alors au Prophète , la femme dit : « Ô Envoyé d’Allah, j’ai tissé cette borda de mes mains pour qu’elle te servît de vêtement. » Le Prophète prit ce manteau parce qu’il en avait grand besoin. Il vint alors nous trouver enveloppé de cette borda. Un des hommes qui se trouvaient là dit : « Ô Envoyé d’Allah, donne-moi ce vêtement. – Bien répondit-il. » Le Prophète après avoir terminé la séance se retira et, ayant plié la borda, il l’envoya à cet homme. « Ce n’est pas bien ce que tu as fait là, lui dit-on. Tu as demandé ce vêtement sachant parfaitement que le Prophète ne refusait jamais à qui lui demandait. –Par Allah, s’écria l’homme, je ne lui ai demandé ce vêtement que pour qu’il me servît de linceul le jour de ma mort. » En effet, ajoute Sahl, ce manteau lui servit de linceul.(Al Boukhari.)
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La force de la foi et de la confiance en Allah:
Abû Bakr As-Siddiq a dit : « Je vis les pieds des polythéistes au dessus de nos têtes pendant que nous étions dans la grotte et dis alors : Ô Messager d’Allah, si l’un d’eux regardait ses pieds, il nous observerait sous ses pieds. Ô Abû Bakr, que penses-tu de deux (personnes) dont Allah est le troisième ? ».(Mouslim.)
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La tendresse et la compassion:
Abû Qatada a dit : « Le Prophète vint vers nous portant sur son épaule Omâma bint Abû-l-As. Il fit la prière et chaque fois qu’il s’inclinait, il déposait l’enfant à terre et la reprenait chaque fois qu’il se relevait ».(Al Boukhari.)
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La facilitation:
Anas ibn Malik rapporte que le Messager d’Allah (s) a dit : « J’entame la prière et je désire la faire longuement. Mais si j’entends un enfant pleurer, j’accélère ma prière parce que je sais combien une mère souffre quand elle entend pleurer son enfant ».(Al Boukhari.)
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La crainte d’Allah et la dévotion:
D’après Abû Houreira , le Prophète a dit : « En revenant chez moi, je trouvai une datte qui était tombée sur mon lit. Je l’enlevai pour la manger, puis, craignant qu’elle ne fît partie de la zakat, je la rejetai ».(Al Boukhari.)
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Les dépenses dans le sentier d’Allah:
Anas ibn Malik rapporte : On n’a jamais demandé quelque chose au nom de l'Islam au Messager d’Allah sans qu’il ne la donne. Il dit : Un homme vint et il lui donna des moutons entre deux montagnes. Ce dernier revint vers son peuple et dit : Ô mon peuple, embrassez l'Islam, car Muhammad donne sans craindre la pauvreté ».(Mouslim.)
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L’amour de l’entraide:
Aicha –qu’Allah soit satisfait d’elle- répondit lorsqu’on lui demanda à quoi s’occupait le Prophète dans sa demeure : « Il rendait des services domestiques à sa famille et dès que venait l’heure de la prière, il sortait pour aller l’accomplir ».(Al Boukhari.)
Al Barâ a dit : « Au jour [de la bataille] du Fossé, je vis l’Envoyé d’Allah transporter tant de terre que l’abondante masse de poils qui recouvrait sa poitrine disparut sous la poussière. Il chantait à voix très haute le radjaz d’Abdullah ibn Rawâha et disait :
Ô Allah ! Sans Toi nous ne serions pas dans la bonne voie ;Nous ne ferions ni l’aumône, ni la prière ; Fais descendre sur nous la sérénité ; Et affermis nos pas dans les rencontres dangereuses ; Les ennemis nous ont accablés d’injustice ; Et, lorsqu’ils ont voulu nous éprouver, nous les avons repoussés ». (Al Boukhari.)
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La sincérité:
Son épouse Aïcha –qu’Allah soit satisfait d’elle- dit de lui : Il n’y avait pas un comportement plus détesté par le Messager d’Allah (s) que le mensonge. Lorsqu’un homme mentait auprès du Messager d’Allah , il n’oubliait pas cela jusqu'à ce qu’il se repente ».(At-Tirmidzi.)
Ses ennemis ont témoigné de sa sincérité. Abû Jahl par exemple qui était un des plus grands ennemis du Messager d’Allah lui dit un jour : « Ô Muhammad, je ne dis pas que tu es menteur, cependant je renie ce que tu as apporté et ce à quoi tu appelles les gens. Allah révéla Sa parole suivante : Nous savons qu’en vérité ce qu’ils disent te chagrine. Or, vraiment ils ne croient pas que tu es menteur, mais ce sont les versets (le Qur’an) d’Allah, que les injustes renient.(Al An’am, 38.)
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Le respect des interdits d’Allah:
Aïcha –qu’Allah soit satisfait d’elle- a dit : « Quand on donnait à l’Envoyé d’Allah de choisir entre deux choses, il choisissait la plus facile, pourvu qu’il n’en résultât pas quelque péché. Si elle devait entraîner au péché, il était le plus ardent des hommes à s’en éloigner. Jamais l’Envoyé d’Allah ne se vengea d’une injure personnelle. Mais chaque fois que la majesté d’Allah était offensée, il en tirait vengeance au nom d’Allah ».(Al Boukhari.)
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La sérénité du visage:
Abdullah ibn Al Harith a dit : « Je n’ai vu personne plus souriant que le Messager d’Allah (s) ».(At-Tirmidzi.)
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La loyauté et la fidélité:
La loyauté du Prophète était unique en son genre. Ces gens de la Mecque qui lui ont voué l’inimitié lorsqu’il a proclamé son message et l’ont persécuté avec ses adeptes, laissaient auprès de lui, malgré tout, leurs dépôts et consignations. Cette loyauté a atteint son paroxysme lorsqu’ils ont persécuté le Prophète l’amenant à émigrer vers Médine après les exactions qu’il a subies de la part de ses concitoyens. le Messager d’Allah (s) chargea son neveu Ali ibn Abi Tâlib de remettre les dépôts et consignations qu’il y avait en sa possession à leurs propriétaires et lui fit retarder son émigration de trois jours.
Parmi les exemples de fidélité du Messager d’Allah à ses promesses et engagements, figure le respect de la clause de la pacification d’Al Houdeibiya entre le Messager et les Quraychites qui stipulait que celui des Quraychites qui viendrait trouver Muhammad devait être remis aux siens, mais celui des musulmans qui irait retrouver ces derniers ne devait pas être remis à Muhammad. Lorsque le Messager d’Allah (s) arriva à Médine, un homme appelé Abû Jandal ibn Souhail ibn Amr réussit à s’évader de sa prison à la Mecque et vint à Médine. Les polythéistes envoyèrent une délégation auprès du Prophète pour le récupérer. Ils dirent : (Souviens-toi de) l’engagement que tu nous as donné ! le Messager d’Allah (s) dit à Abû Jandal : « Abû Jandal, sois patient et espère la récompense d’Allah, Allah te donnera ainsi qu’aux faibles qui sont avec toi une délivrance et une issue. Nous avons signé la pacification avec ces gens et il y a eu un engagement entre nous et eux, or nous ne trahissons pas d’engagement ».(Sunan Al Baïhaqi Al Koubra.)
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Le courage et le manque d’hésitation:
Ali a dit : « Je me suis vu le jour [de la bataille] de Badr alors que nous nous réfugiions auprès du Prophète . De nous tous il était le plus proche de l’ennemi et il était alors l’homme le plus fort ».(Ahmad.)
Quant à son courage en dehors des guerres, Anas ibn Malik dit de lui : « Le Prophète était le plus beau des hommes, et le plus courageux. Une nuit, il y eut panique à Médine, et les habitants sortirent dans la direction du bruit. Le Prophète après avoir tiré la nouvelle au clair, les rencontra en chemin. Il montait à poil un cheval appartenant à Abû Talha, et portait un sabre suspendu à son cou ; il répétait : « N’ayez pas peur, n’ayez pas peur ». Puis il dit : « Nous avons trouvé que ce cheval était une mer, ou encore ce cheval est une mer »( Al Boukhari.).
Les habitants de Médine sortent paniqués à l’écoute du bruit pour s’enquérir de ce qui s’est passé et le Messager les rencontre, seul, venant de la direction du bruit, leur panique se calme, sur un cheval à poil, et cela parce que la situation nécessite la rapidité, son sabre suspendu à son cou, parce qu’il pourrait être nécessaire. Il les a informés que le cheval qui est avec lui était une mer, c'est-à-dire rapide. Le Prophète n’attendit donc pas la sortie des gens pour l’accompagner afin qu’il découvre ce qui se passe comme l’on fait dans ce genre de situations.Et pendant la bataille d’Ohod, le Prophète consulta ses Compagnons et ces derniers lui conseillèrent le combat hors de la ville. Le Prophète était d’un autre avis, mais il adopta leur avis. Cependant, les Compagnons regrettèrent cela parce que le Prophète désirait autre chose. Les Auxiliaires [Ansar] dirent : Nous avons repoussé l’avis du Messager d’Allah alors, ils vinrent et dirent : Ô Prophète d’Allah, fais alors ce que tu as choisi. Il dit : « Il n’appartient pas à un Prophète lorsqu’il a porté sa cuirasse, de l’enlever avant d’avoir combattu ».(Ahmad.)
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La générosité et la bonté:
Ibn Abbas rapporte que nul n’était aussi généreux que le Messager d’Allahet que cette générosité se manifestait davantage durant le mois de ramadan, à la suite de ses entrevues avec Gabriel [Jibril] qui venait chaque nuit lui enseigner le Qur'an. A ce moment là, l’Envoyé d’Allah était plus généreux que le vent qui amène la pluie ».(Al Boukhari.)
Et Abû Dzar dit : « Je marchais avec le Prophète dans la harra de Médine et nous faisions face au mont Ohod. « Hé ! Abou-Dzar, dit le Prophète . –A vos ordres, Ô Envoyé d’Allah, lui répondis-je. –Combien, reprit-il, je serai heureux d’avoir une masse d’or aussi considérable que ce Ohod. Dès la troisième journée je n’aurais pour moi qu’un dinar moins quelque chose que je réserverais pour une dette, car je n’aurais cessé de faire aux adorateurs d’Allah au sujet de cet or comme ceci, comme ceci, comme ceci, en donnant à droite, à gauche et derrière moi ».(Al Boukhari.)
Jabir disait : « Jamais, quand on lui demanda quelque chose, le Prophète ne répondit une seule fois : « Non » ».(Al Boukhari.)
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La pudeur:
Abû Saïd Al Khoudry disait : « Le Prophète avait plus de pudeur qu’une jeune fille vierge. Quand il voyait quelque chose qu’il reprouvait, nous nous en apercevions à son visage ». (Al Boukhari.)
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La modestie:
Le Prophète était parmi les gens les plus modestes. Il était tellement modeste que celui qui entrait dans la mosquée ne le reconnaissait pas parmi ses Compagnons. Anas ibn Malik a dit : « Nous étions assis dans la mosquée avec le Prophète , quand un homme entra, monté sur un chameau. Il fit agenouiller l’animal dans la cour de la mosquée ; il l’entrava, puis s’adressant à notre groupe : « Qui de vous est Muhammad ? » dit-il. Or le Prophète était accroupi parmi nous. « C’est cet homme au visage blanc et qui est accroupi », répondîmes-nous… ».(Al Boukhari.)Cela parce qu’il n’était pas différent de ses Compagnons et de l’assistance.
Le Prophète ne se montrait pas hautain et n’avait pas d’orgueil à aller avec le pauvre, le faible ou le besogneux résoudre leurs problèmes. Anas rapporte qu’une femme parmi les gens de Médine qui avait quelque problème mental dit : « Ô Messager d’Allah ; j’ai un besoin auprès de toi. Il répondit : Ô mère d’untel, regarde n’importe quelle rue tu voudras pour que j’aille résoudre ton problème. « Il s’isola avec elle dans une rue jusqu'à résoudre son problème ».( Mouslim.)
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La compassion et la pitié:
Abû Mas’oud Al Ansâry rapporte qu’un homme dit : « Par Allah ! Ô Messager d’Allah, je vais sûrement m’abstenir de la prière du matin à cause d’untel qui la fait durer trop longtemps ». Jamais, dans aucune de ses admonitions, je n’ai vu l’Envoyé d’Allah se mettre dans une aussi violente colère que ce jour-là. « Alors, s’écria-t-il, il en est donc parmi vous qui veulent faire fuir les fidèles ! Quel que soit celui d’entre vous qui dirigera la prière des fidèles, qu’il la fasse courte ; car, parmi les fidèles, il y a de faibles, d’âgés ou ayant affaire ».( Al Boukhari.)
Oussama ibn Zaïd a dit : « Nous étions chez le Prophète lorsque quelqu'un vint, de la part de l’une de ses filles, le prier de se rendre auprès du fils de celle-ci, qui était mourant. S’adressant au messager, le Prophète lui dit : « Retourne vers ma fille et annonce-lui que tout ce qu’Allah prend ou donne Lui appartient, qu’Il a fixé un terme pour chaque chose et invite-la à se résigner et à compter sur Allah ».
La fille du Prophète renvoya le messager en suppliant son père de venir. Aussitôt le Prophète se leva et se rendit chez elle accompagné de Saad ibn Obâda et de Mouadz ibn Jabal. Quand il arriva on lui remit l’enfant dont la respiration faisait entendre le bruit d’une outre desséchée. Comme les yeux du Prophète débordaient de larmes, Saad lui dit : « Ô Envoyé d’Allah, que signifie ces larmes ? –C’est, répondit-il, le signe de la compassion qu’Allah a placée dans le cœur de l’homme. Allah n’est compatissant qu’envers ceux de ses adorateurs qui sont eux-mêmes compatissants ».( Al Boukhari.)
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La patience et le pardon:
Anas ibn Malik a dit : « Je marchais en compagnie du Prophète . Il était vêtu d’un manteau nedjrânite, au bord épais. Un bédouin l’ayant approché le tira si fortement, que je pus voir, sous la violence de la pression, le bord du manteau imprimer sa marque en haut de l’épaule du Prophète : « Ordonne qu’on me donne quelque chose du bien d’Allah dont tu disposes, lui dit le bédouin ». Le Prophète se tournant vers lui, se mit à rire ; puis il ordonna qu’on lui donnât quelque chose ».( Al Boukhari.)
Parmi les exemples de sa patience, il y a le hadith de Zaïd ibn Sa’na –qui est un érudit juif- qui avait accordé au Prophète un prêt dont il avait besoin pour résoudre le problème de certains dont les cœurs étaient à gagner (à l’Islam). Zaïd a dit : Lorsqu’il restait deux ou trois jours du terme fixé pour le remboursement, le Prophète sortit pour la prière funèbre d’un homme parmi les Auxiliaires (Ansar) en compagnie d’Abû Bakr, Oumar, Ousmane et quelques uns de ses Compagnons. Lorsqu’il eut accompli la prière funèbre, il s’approcha d’un mur et s’y assit, puis j’arrêtai son vêtement, le regardai d’un air rude et lui dit: Muhammad, ne me rends-tu pas mon droit ? Par Allah, je ne vous connais pas, fils d’Abdul Muttalib, comme étant des gens qui lèsent les droits d’autrui. Je les ai fréquentés au point de les connaître ! Il dit : Et je regardai Oumar ibn Al Khattab et vis ses deux yeux tournoyer dans son visage comme une sphère puis il me lorgna et dit : Ennemi d’Allah, dis-tu au Messager d’Allah ce que je suis en train d’entendre et lui fais-tu ce que je suis en train de voir ? Par Celui qui l’a envoyé avec la vérité, n’eut été ce dont je crains la perte, j’aurai tranché ton cou avec mon sabre-ci.
Pendant ce temps, le Messager d’Allah (s) regardait Oumar dans le calme et le sérieux puis il dit : « En vérité, nous avions plus besoin d’autre chose que d’une telle réaction de ta part ô Oumar, [nous avions besoin] que tu ordonnes à chacun de nous de respecter son engagement vis-à-vis de l’autre. Oumar, vas-y avec lui, rembourse lui son dû et ajoute lui en plus vingt Sa’a en compensation de la frayeur que tu as suscitée chez lui ». Zaïd dit : Oumar m’amena, me remboursa mon dû et me donna en plus vingt Sa’a de dattes sèches. Je dis : Quel est cet ajout ? Il répondit : le Messager d’Allah (s) me l’a ordonné en compensation de la frayeur que j’ai suscitée chez toi. Je dis : Oumar, me connais-tu ? –Non, dit-il, qui es-tu ? Je dis : Je suis Zaïd ibn Sa’na. – L’érudit ? demanda-t-il. –Oui, l’érudit répondis-je. –Qu’est-ce qui t’a donc poussé à dire au Messager ce que tu as dit et à lui faire ce que tu as fait ? Je lui dis : Ô Oumar, j’ai reconnu tous les signes de la prophétie sur le visage du Messager d’Allah lorsque je l’ai observé, sauf deux signes que je n’ai pas testés chez lui, sa patience supplante sa stupidité et la stupidité dirigée contre lui n’augmente que sa patience.
J’ai testé ces deux signes et je te prends à témoin, ô Oumar que j’agrée Allah comme Seigneur, l'Islam comme religion et Muhammad comme Prophète. Je te prends également à témoin que la moitié de ma richesse –je suis le plus riche parmi eux- est une aumône destinée à la communauté de Muhammad . Oumar dit : Ou destinée à une partie d’entre eux, car tu ne peux pas les satisfaire tous. Je dis : Ou à une partie d’entre eux. Oumar et Zaïd rentrèrent trouver le Messager d’Allah (s) et Zaïd dit : Je témoigne qu’il n’y a point de divinité digne d’adoration en dehors d’Allah et que Muhammad est Son serviteur et Messager. Il crut en lui, accepta sa mission et participa à plusieurs expéditions en compagnie du Prophète . Ensuite, il mourut au cours de la bataille de Tabouk en plein combat –qu'Allah lui accorde la miséricorde.( Sahih Ibn Hibban.)
Le plus grand exemple du pardon du Prophète est sans doute le fait que lorsqu’il entra victorieux à la Mecque et qu’on lui rassembla les gens de la Mecque parmi ceux qui lui avaient fait subir diverses sortes de préjudices et avaient causé son exil de son pays, il leur dit lorsqu’ils se rassemblèrent dans la Mosquée : « Qu’attendez-vous que je fasse de vous ? » Ils répondirent : meilleur frère généreux et fils d’un frère généreux. Il dit : « Partez, vous êtes libres ».( Al Baïhaqi.)
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La patience:
Le Prophète fut un modèle de la patience. Avant le début de sa mission, il était patient face aux œuvres que faisait son peuple et à l’adoration des idoles à laquelle ce dernier s’adonnait. Après la proclamation de son message, il était patient espérant la récompense d’Allah face aux différents préjudices que lui infligeait son peuple à la Mecque premièrement, ensuite avec les hypocrites à Médine. Il était également un modèle de la patience lorsqu’il perdait des êtres qui lui étaient chers. Son épouse Khadîdja était morte de même que tous ses enfants, hormis Fatima, de son vivant. Son oncle Al Abbas était également mort. Dans toutes ces situations, il était patient espérant la récompense d’Allah. Anas ibn Malik a dit : « Nous entrâmes avec l’Envoyé d’Allah chez Abû Saïf, le forgeron, père nourricier d’Ibrahim. le Messager d’Allah (s) prit Ibrahim, l’embrassa et le flaira.
Plus tard nous entrâmes encore chez Abû Saïf au moment où Ibrahim rendait le dernier soupir. Les yeux du Prophète se mirent à répandre des larmes, et comme Abdu Rahman ibn Awf lui disait : « Toi aussi, ô Envoyé d’Allah ! » Il répondit : « Ô Ibn Awf, c’est un effet de la compassion ». Puis, ses larmes se remettant à couler, il ajouta : « Les yeux pleurent et le cœur est triste ; mais nous ne disons rien qui ne puisse être agréable au Seigneur. Ô Ibrahim, nous sommes affligés d’être séparés de toi ».( Al Boukhari.)
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La justice et l’équité:
Le Prophète était équitable dans toutes les affaires de sa vie, équitable dans la pratique de la législation d’Allah. Aïcha –qu’Allah soit satisfait d’elle- rapporte que les Quraychites eurent un jour à traiter le cas d’une femme Makhzoumite qui avait commis un vol : « Nul, dirent-ils, ne saurait en parler à l’Envoyé d’Allah et avoir de l’influence sur lui si ce n’est Oussama , l’ami de l’Envoyé d’Allah . Oussama parla en faveur de cette femme à l’Envoyé d’Allah qui lui répondit : « Comment peux-tu intercéder quant il s’agit d’une des pénalités édictées par Allah ? » Puis, se levant, il fit le sermon suivant : «Ô hommes, ce qui a égaré ceux qui vous ont précédés, c’est qu’ils laissaient impuni le puissant qui volait, tandis que si le voleur était un misérable, ils lui appliquaient la peine criminelle. Je jure par Allah, si Fatima, la fille de Muhammad, volait, je lui ferais couper la main ».( Al Boukhari.)
Le Prophète était équitable même quand il s’agissait du talion contre lui-même. Il est rapporté que Asyad ibn Khoudair était un homme vertueux, enjoué et avenant. Alors qu’il se trouvait (un jour) chez l’Envoyé d’Allah en train de s’adresser au gens et de leur faire rire, le Messager d’Allah (s) le chatouilla dans la hanche. Alors, il dit : Tu m’as fait mal. Le Prophète dit : « Prends ta revanche » Il répondit : Ô Messager d’Allah, tu portes une tunique alors que je n’en portais pas. Il dit : le Messager d’Allah (s) souleva sa tunique et il l'étreignit, puis se mit à embrasser son flanc et dit : Puissent mon père et ma mère te servir de rançon, ô Messager d’Allah ; c’est ceci que j’ai voulu ».(Abû Dawud.)
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La crainte d’Allah:
le Messager d’Allah (s) était du nombre des gens qui craignaient le plus Allah et parmi ceux qui avaient le plus peur d’Allah. Abdullah ibn Mas’oud rapporte que le Prophète lui dit :« Récite-moi du Qur'an. –Te réciter du Qur'an ? lui répondis-je alors que c’est à toi, ô Envoyé d’Allah qu’il a été révélé. – C’est vrai » reprit-il. Je récitai la sourate « Les Femmes », mais, arrivé à ce verset : Comment seront-ils quand Nous ferons venir de chaque communauté un témoin et que Nous te (Muhammad) ferons venir comme témoin contre ces gens-ci ?(Les Femmes, 41.),
il me dit : « Cela suffit ». Je me tournai alors vers lui et vis ses yeux déborder de larmes ».(Al Boukhari.)Aïcha –qu’Allah soit satisfait d’elle- rapporte que lorsque l’Envoyé d’Allah apercevait au ciel un nuage prometteur de pluie, il avançait et reculait, entrait et sortait, le visage altéré. Puis, lorsque la pluie se mettait à tomber, son inquiétude se dissipait. « Je lui fis part de ce fait, ajoute Aïcha ; et il me répondit : « C’est que je ne sais point s’il n’en sera pas de nous comme de ces gens qui, lorsqu’ils virent le nuage étalé s’avançant vers leurs vallées, dirent : Ce nuage nous donnera de la pluie. Au contraire ! c’est cela même que vous cherchiez à hâter : C’est un vent qui contient un châtiment douloureux, détruisant tout, par le commandement de son Seigneur”. Puis, le lendemain on ne voyait plus que leurs demeures. Ainsi rétribuons-Nous les gens criminels.( Al Ahqaf, 24-25.)(Al Boukhari.)
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La sobriété et la richesse de l’âme:
Oumar ibn Al Khattab rapporte : « J’entrai chez le Prophète ; il était sur une natte sans que rien fût interposé entre son corps et la natte. Sa tête était appuyée sur un coussin de cuir rembourré de fibres de palmiers ; à ses pieds était un tas de feuilles de saule et à son chevet une outre était suspendue. Je vis sur son flanc l’empreinte laissée par la natte. Alors je me mis à pleurer. « Pourquoi pleures-tu ? me demanda-t-il – Ô Envoyé d’Allah, répondis-je, c’est parce que je compare la situation des Chosroês et des César à la tienne, alors que tu es, toi, l’Envoyé d’Allah – N’es-tu donc pas satisfait, répliqua-t-il, qu’ils aient, eux, les biens de ce monde, et que, nous, nous ayons ceux de la vie future ? ».(Al Boukhari.)
Son amour du bien à tous les hommes y compris ses ennemis
Aïcha –qu’Allah soit satisfait d’elle-, épouse du Prophète a raconté qu’elle lui dit : « Y eut-il jamais pour toi journée plus pénible que celle de la bataille d’Ohod. – Certes, répondit-il, j’ai eu bien à souffrir de tes compatriotes, mais ce qui me fut le plus pénible de leur part, ce fut l’affaire d’al-Aqaba, lorsque, à l’exposé de mes demandes, Ibn Abdil Yalil ibn Abdul Kolal répondit par un refus catégorique. Je m’en retournai ne sachant trop où diriger mes pas, et ne recouvrai mes esprits qu’arrivé à Qarn-et-Tsa’âlib ; et alors, levant la tête, voilà que je vis un nuage qui me couvrait de son ombre, et, l’ayant considéré, voila que dedans j’aperçus Gabriel. Il m’appela et me dit : « Allah a bien entendu les propos de tes compatriotes, et les réponses qu’ils t’ont faites. Il a envoyé vers toi l’ange des montagnes pour que tu lui donnes au sujet de ces infidèles, quelque ordre qu’il te plaira ». Et l’ange des montagnes, m’ayant appelé, me salua, me répéta ce qu’avait dit Gabriel et ajouta : « Que veux-tu ? Désires-tu que je fasse se replier sur eux les deux rocailleuses? Non, répondis-je, car de leurs flancs, j’espère qu’Allah fera sortir des fidèles qui L’adorent seul, sans lui donner d’associés ».(Al Boukhari.)
Ibn Oumar a dit : Lorsque mourut Abdullah ibn Oubei ibn Saloul, son fils Abdullah ibn Abdullah vint chez le Messager d’Allah (s) et lui demanda de lui donner sa tunique afin que son père y soit enseveli. Il la lui donna, puis il lui demanda de prier sur son père. Oumar se leva alors et arrêta l’habit du Messager d’Allah puis dit : « Ô Messager d’Allah, vas-tu prier sur lui alors qu’Allah te l’a interdit ? Le Messager d’Allah dit : « Allah m’a plutôt laissé le choix en disant : Que tu demandes pardon pour eux, ou que tu ne le (At-Tawbah, 80.) demandes pas - et si tu demandes pardon pour eux soixante-dix fois - Allah ne leur pardonnera point , et je le ferai plus de soixante-dix fois. Il dit : C’est un hypocrite ; le Messager d’Allah pria sur lui et Allah révéla ce verset : Et ne fais jamais la Salat sur l’un d’entre eux qui meurt, et ne te tiens pas debout auprès de sa tombe(At-Tawbah, 80.)(Al Boukhari.)